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Article publié le 26 mai 2016.

Lettre remise à Mme la Secrétaire d’Etat de la Consommation au laboratoire de Montpellier le 19 mai 2016

La CGT tenait à vous remercier de votre visite au sein du laboratoire SCL de Montpellier le 19 mai 2016, au plus près des agents et, disons-le des difficultés croissantes que ceux-ci connaissent dans leur quotidien de travail. Nous nous voyons contraints, de profiter de votre visite pour appeler votre attention sur ces dernières. Il nous apparait en effet que la situation, par ses caractéristiques menace, la qualité de vie au travail et en dehors du travail des agents, mais aussi qu’elle compromet la pérennité de nos missions. Ce piètre constat concerne toutes les structures du SCL pour les raisons suivantes :

 Beaucoup d’agents des laboratoires du SCL vivent un mal être quotidien. Ce dernier trouve ses sources dans différents aspects de l’évolution du service qui les impactent au jour le jour : Il s’agit bien sûr et d’abord des réductions d’effectifs. Ces dernières entrainent des surcharges de travail, de la déspécialisation et des tâches toujours plus mécaniques. Cela crée de la démotivation et impacte de façon plus ou moins lointaine toute la vie du service. Ce sont des implantations de personnels dans certaines structures qui ne sont pas, ou mal, définies, ce sont les restructurations du laboratoire SCL d’Ile de France qui paraissent bien peu corrélés à des priorités de missions.

 C’est avec angoisse que les agents voient des moyens humains, matériels et financiers toujours plus limités dégrader leur outil de travail. Dors et déjà l’ensemble des besoins en analyses des deux directions DGCCRF et DGDDI ne peuvent plus être assumés par le SCL. Des analyses sont externalisées dans des laboratoires privés. Les réductions drastiques d’effectifs induites par les différents mouvements de réforme impactent le nombre de prélèvement et d’analyses pratiquées par les laboratoires du SCL. De plus en plus, le dialogue social en pâti et laisse place à des instructions rigides, à des absences de mutations. Cela conduit les agents à un pessimisme croissant quant à leur parcours professionnel et quant à l’avenir des missions et du service.

 Nous déplorons aussi, avec force, l’absence des deux directions Générales de tutelle (DGDDI et DGCCRF) dans les instances nationales depuis plus d’un an. Elles n’ont guère su faire qu’un modeste acte de présence pour la présentation des nouveaux locaux de l’UD en juin 2016, fait bien éloigné des préoccupations journalières des agents. Pour le reste elles se sont lavées les mains du devenir de leur réseau de laboratoires et de ses personnels.

Ces détériorations insupportables des conditions de travail, cette difficulté croissante à rendre un service public de qualité aux usagers, tant professionnels que particuliers engendrent des craintes très lourdes pour les carrières, les missions, les emplois.
Dans ces conditions nous ne pouvons que comprendre le désarroi des personnels. Chacun d’entre nous le ressens, durement, dans son quotidien de travail. D’autant que de nouvelles craintes obscurcissent davantage notre horizon :

L’interdépartementalité et la fusion des départements annoncés pour les services déconcentrés de la DGCCRF ne pourront entrainer, pour nos collègues enquêteurs, qu’une détérioration de la qualité des contrôles et des suites des missions de service public assurées par les agents de la DGCCRF. Cela impactera d’autant la part d’activité du SCL qui procède de leurs contrôles. Tous autant que nous sommes, nous sommes solidairement dépendants d’une volonté à nouveau marquée de Bercy d’assurer avec force les missions de service public qui relèvent de son périmètre Ministériel. Nous ne pouvons aujourd’hui que remarquer et déplorer une non-prise en compte des spécificités et des finalités des métiers de contrôle qui menace tout notre secteur professionnel. Cela alors même que la Fraude progresse, prenant sans cesse de nouvelles formes avec les progrès techniques, l’importance des flux de marchandises et la diversification des réseaux de commercialisation.

Des angoisses comparables traversent la sphère douanière qui subit son lot de restructurations, de fermetures d’implantations et de coupes dans les effectifs.

Cette litanie d’éléments négatifs ne peut qu’augmenter significativement les risques physiques et psychosociaux pour l’ensemble des agents. C’est pourquoi madame la Ministre, joignant nos revendications à celles des syndicats de nos Directions de Tutelle, nous vous demandons :

D’agir pour que l’ensemble des missions de service public qui sont confiées à la DGCCRF, auxquelles le SCL participe par ses analyses et ses expertises, puissent à nouveau être effectuées au plus près du terrain sur l’ensemble du territoire national, notamment en reconstruisant la chaine de commandement entre les services déconcentrés de la DGCCRF et la Direction Générale et en procédant au redéploiement dans chaque département des agents de tous niveaux nécessaires à leur accomplissement.

Nous insistons à cet égard sur le lien étroit qu’a le SCL avec la DGCCRF et la DGDDI. Il est bien indiqué dans le bilan synthétique SCL 2015 que la baisse des prélèvements réalisés sur le terrain, ne peut qu’inquiéter l’avenir de certains laboratoires SCL. Ce fait illustre les dégâts produits en termes de résultat par les pertes de cohérence dans les structures.

D’agir sans délai sur la diminution constante et drastique des effectifs. Elle induit, de conserve avec le trop faible niveau des investissements matériel des abandons ou externalisation de missions et une augmentation des risques psycho-sociaux.

D’agir contre une technocratie qui envahit toujours plus le quotidien des agents du SCL, générant, stress, infantilisation, perte d’intérêt et de confiance.
Nous appelons votre attention sur le fait que le contexte actuel est générateur de déqualification du fait de la non-exploitation des capacités des agents et de par l’appauvrissement des quotidiens de travail et des parcours professionnels au sein du SCL. Les matières scientifiques sont vivantes et s’accommodent mal de l’immobilisme surtout lorsqu’elles sont exploitées pour de la recherche de fraudes, tant dans des champs fiscaux qu’en matière de sécurité et de loyauté. Il convient de sortir les personnels de leur asphyxie quotidienne en cessant de les ranger dans des cases et en cessant de confondre coûts et investissements.

Nous exigeons une réelle implication des deux Directions Générales de tutelle pour les laboratoires SCL. Une implication de tous les instants est nécessaire auprès des agents pour sortir du marasme d’un management semi-privé (SMQI) et revenir à un management qui ne soit pas arc-bouté sur les seuls chiffres du COP. Nous le souhaitons à l’écoute des agents et de leur bien-être pour permettre la restauration d’un quotidien assaini. Lorsque précédemment les fonctionnaires du SCL pouvaient associer vie familiale et vie professionnelle dans un bon équilibre, ils n’en contribuaient pas moins efficacement au rendu d’un service public de qualité. Au contraire.

Nous exigeons enfin la sécurisation des parcours professionnels par le maintien des possibilités de mutation choisie et l’accès pour tous au programme de formation continue. Cela implique notamment de garantir la pérennité de l’ensemble des laboratoires du réseau ainsi que celle des moyens de leur fonctionnement et de leur développement.

Madame la Ministre, il est parfaitement clair pour la CGT que ces revendications doivent se traduire par un abondement en effectifs conséquent dans les laboratoires. Il est également plus que nécessaire de mettre sur pied un plan d’investissement permettant aux laboratoires de maintenir le niveau technologique et technique propre à permettre l’exercice, en interne, de toutes les analyses et missions du SCL.
Cela implique une révision à la hausse des moyens financiers du service et la mise à l’écart des procédés actuels de management qui ne connaissent que rigidité, mépris pour les spécificités du travail en laboratoire, mépris pour les compétences et les savoir-faire des personnels et mises en concurrence.

Enfin, les agents des laboratoires SCL vous demandent la reconnaissance de leur valeur professionnelle et de leur travail quotidien au service des usagers et des directions de Bercy. Leur contribution au service public s’inscrit totalement dans les objectifs de la DGCCRF et de la DGDDI. L’implication de ces dernières doit conduire à éviter le démantèlement actuellement en marche.

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